Non aux vap en matière plastique cassante, mais en fibres et résine…?

Au cours de l’une de mes pérégrinations, c’était dans les années… 2000 ?
je découvrais dans la ferme d’un château de la magnifique région ardéchoise…

Une très grande voiture à pédales dont la caisse n’était pas faite de métal mais d’une matière fibreuse à l’intérieur peint en couleur grise et à l’extérieur en bicolore, bleue et grise.
Et de plus ce jouet inhabituel arborait au milieu de sa calandre presque rectangulaire le célèbre écusson ovale aux lettres jaunes (après guerre) sur fond rouge EURÉKA ! Sa ligne me rappelait immédiatement celle d’une célèbre voiture Française: La Delahaye 235 !

Je comprenais que je proposais d’acquérir une BIPLACE 55 EURÉKA. Rare, rare, rare, à cette époque je n’en étais pas tout à fait conscient.

D’autant plus que l’auto était absolument complète. La banquette à 2 places et son dossier, en toile enduite rouge, ne présentaient pas même un petit accroc, le volant à 3 branches (placé à droite) et sa cerclo-commande commandait l’avertisseur électrique (à vibreur, « baby »), un petit bouton poussoir au centre du tableau de bord déclenchait des appels de phares et de feux arrières également électriques tandis que sur le côté gauche de ce même tableau de bord, une sorte de clé remontait le mécanisme d’une boite à musique, (« La Radio »comme le précisait le catalogue de cette même année) à côté d’une petite plaque en aluminium indiquant la marque Euréka et le brevet SGDG.
L’antenne de radio était bien présente tout comme les cabochons de roues, les phares et les feux arrières (tous de marque « Luxor »), les pare-chocs ne souffraient d’aucun enfoncement, bref je découvrais LA pièce de collection par excellence.
Elle avait dû être rangée, bien à l’abri dans l’un des recoins du château, ce qui donnait à sa peinture d’origine une légère patine, avec des petites égratignures pour mieux décrire les quelques scènes de jeux, sans même avoir été ultra-violée par les rayons du soleil.

Et alors, cette carrosserie ?

Il est vrai que je pouvais m’interroger devant cette caisse absente de métal qui ne présentait évidemment aucune trace de rouille.
Bien que le châssis et le mécanisme, entièrement métalliques eux, respiraient la solidité j’observais le système de pédalage classique ressemblant à celui de la biplace côte-côte 38 : 4 pédales entrainant un essieu/vilebrequin à l’arrière, un frein à tambour, et une direction à crémaillère.
Les gros bandages en caoutchouc, des Dunlop XXXXXX, équipaient les roues alvéolées.

Je ne savais pas encore que cette superbe voiture à pédales était l’oeuvre de M. Marcel Grandvoinnet, la première qu’il a dessiné, dont il a conçu la maquette en balsa (toujours existante), quand il était affecté aux « Nouveaux Produits » alors que son père M.Xavier Grandvoinnet était encore Directeur de l’usine.

Mais ces fibres ? J’ai appris par la suite que les coques n’avaient pas été fabriquées par l’usine Euréka mais par des spécialistes en la matière, à cette époque en 1955.
En effet la sous-traitance de cette construction était assurée par les carrossiers « Chappe et Gessalin » spécialistes en fibre et résine, établis à St-Maur-des-fossés.
Ceux-ci ont réalisé, entre autres, les coques des Alpines A 106 et A 108, des DB LeMans, et ils ont surtout construit et donné leurs initiales aux non moins célèbres Automobiles C.G., Belles références !

Depuis mon achat j’ai pu observer quelques-unes de ces vap en plusieurs couleurs, toujours bi-ton : comme la mienne bleu/gris, roues grises, tableau de bord gris, ou bleu/crème roues crèmes tableau de bord rouge, ou encore vert/blanc. Je crois savoir qu’il y aurait eu des rouge/crème roues crèmes.
Quelques-unes d’entre elles ont également été vendues sans pédalier ni direction, avec 2 volants, et aussi 4 places et 4 volants, pour être installées sur des manèges forains.

Je dois encore remercier M. Grandvoinnet, à titre posthume hélas, de nous avoir conçu cette Merveilleuse voiture à pédales.

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2 réflexions au sujet de “Non aux vap en matière plastique cassante, mais en fibres et résine…?”

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